Appel à Article – Revue Genre Éducation Formation

« Genre et pratiques adolescentes »

Dossier coordonné par

Heri. Rakoto-Raharimanana (Aix-Marseille Université, LAMES)

herilalaina.rakoto-raharimanana@univ-amu.fr

Christine Morin-Messabel (Université Lumière Lyon II, GREPS)

christine.morin-messabel@univ-lyon2.fr

L’adolescence est une étape cruciale dans la « chute dans le temps » (Pronovost, 2003)

En France, en 2016, le taux de scolarisation à 17 ans s’élevait à 92,2% (DEPP, 2018). Ce chiffre montre que la très grande majorité des adolescentes et des adolescents est scolarisée si bien que la temporalité scolaire semble être la norme de référence. Cette tranche d’âge construite, comme le rappelle Louis Mahiot (2016), par les catégories savantes se caractérise par sa présence et son fort investissement sur des scènes d’activités qui s’ajoutent à celle scolaire. Ainsi, selon les données d’Eurostat, et comme le souligne Catherine Reverdy (2016) les jeunes Européens (15-19 ans) sont davantage présents dans les clubs sportifs, les associations de loisirs ou de jeunesse, mais sont surtout les plus nombreux à avoir participé à une activité culturelle telle que le cinéma et les concerts dans l’année écoulée : 92% d’entre eux (contre 88% de leurs ainés, entre 20 et 30 ans). Parallèlement, la place du numérique dans les pratiques quotidiennes de ces adolescent.e.s a favorisé le développement d’une « culture partagée » qui, en recomposant leurs pratiques culturelles, tend à amoindrir les logiques de reproduction et de distinction sociales avec les autres tranches d’âge (Détrez, 2017). Alors que Gérard Mauger (2015) appelle à la prudence quand il écrit que « l’interrogation sur la sociogenèse de classes d’âge ou de générations sociales suppose une vigilance particulière » évoquant l’importance de considérer deux ordres d’événements dans toute tentative de périodisation d’une trajectoire biographique : « événements biographiques » et « événements historiques », les évolutions et transformations qui ont eu lieu ces dernières années interrogent les modalités d’entrée dans l’adolescence et la façon dont se (re)constitue la « tyrannie du genre » (Duru-Bellat, 2017) dans l’espace-temps scolaire et au-delà.

Notre proposition de dossier cherche ainsi à ouvrir des pistes inédites sur les formes d’engagement et de participation dans la vie sociale des adolescent.e.s, et, de façon plus large, sur les pratiques sociales des adolescent.e.s – en tant qu’entité sociale historiquement située – en les analysant sous l’angle du genre et en privilégiant une approche multifocale et multidisciplinaire.

Cet AAA vise donc à mettre au jour les relations qui sous-tendent l’engagement sur les scènes sociales scolaires et non scolaires afin de mettre au jour les investissements différenciés et les dynamiques qui se nouent entre elles. La « scène sociale » est ici considérée telle que Florence Weber (1989) la définit, c’est-à- dire comme « un sous-ensemble des relations orientées par une pratique dans l’ensemble des relations que noue un individu ». L’entrée analytique par le dispositif de la scène se fera par une approche de genre et/ou intersectionnelle. À partir de cette approche, que peut-on dire des pratiques, des discours, des conduites et des modalités qui caractérisent les adolescent.e.s et leurs scènes d’engagement ? Sur quelles scènes sociales se déploient-ils et selon quelles modalités ? De façon plus générale, comment s’articulent les pratiques sociales et les scènes d’engagement dans la trajectoire des adolescent.e.s ?

D’un point de vue méthodologique, l’appel à articles sera l’occasion de mettre en évidence des lignes de partage différenciées des disciplines qui observent ces pratiques adolescentes (sociologie, sciences de l’éducation, psychologie, science politique, histoire, géographie sociale, sciences de l’information et de la communication, philosophie) et de montrer comment l’interdisciplinarité y est pleinement assumée.

Cet AAA se structurera autour de quelques axes privilégiés :

– genre et engagement par rapport à l’avenir (école, emploi, formation, précarité, petits boulots, vie personnelle, etc.) : temps court et temps long.

1.     genre, engagement et participation dans les sphères sociales et politiques (association, organisation politique, clubs sportifs, groupes d’actions citoyennes, etc.) formes institutionnalisées et formes informelles.

2.     genre, engagement, mobilisation et pratiques digitales à l’ère numérique.

3.     genre, santé, discours et pratiques des adolescentes et des adolescents.  

4.     engagement pour lutter contre les violences de genre au moment de la construction de l’identité/sexualité (sexisme, homophobie, transphobie et autres formes…).

Mots clés : adolescent·e, adolescence, genre, engagement, temporalité, pratiques, discours

Bibliographie :

Détrez, C. (2017). Les pratiques culturelles des adolescents à l’ère numérique : évolution ou révolution ? Revue des politiques sociales et familiales. p 23-32. 

Duru-Bellat, M. (20147). La tyrannie du genre. Paris : Presses de Sciences Po.

Galland, O. (2017). Sociologie de la jeunesse. 6e édition. Paris : Armand Colin.

Mahiot, L. (2016). Entrer dans l’adolescence. Dans Jeffrey, D., Lachance, J., Le Breton, D. Penser l’adolescence. Paris : PUF.

Mauger, G. (2015). Âges et générations. Paris : La Découverte.

Pronovost, G. (2009). Le rapport au temps des adolescents : une quête de soi par-delà les contraintes institutionnelles et familiales, Informations sociales. 2009/3, n°53, pp.22-28.

Reverdy, C. (2016). Les cultures adolescentes, pour grandir et s’affirmer. Dossier de veille de l’IFÉ, n°110, avril. Lyon : ENS de Lyon. En ligne : http://ife.ens-lyon.fr/vst/DA/detailsDossier.php?parent=accueil&dossier=110&lang=fr

Weber, F. (1989). Le travail à côté. Étude ethnographique ouvrière. Paris : INRA-EHESS.

Soumettre une proposition

Les propositions d’articles, d’environ 5000 signes espaces et notes comprises, comprennent un titre, une présentation de l’article, les objets et les méthodes, ainsi que les nom, prénom, statut, rattachement institutionnel et email de l’auteur ou autrice. Elles doivent être envoyées pour le 1er novembre 2019 conjointement à Heri. Rakoto-Raharimanana (herilalaina.rakoto-raharimanana@univ-amu.fr) et Christine Morin-Messabel (christine.morin-messabel@univ-lyon2.fr) ainsi qu’au comité de rédaction de la revue GEF (comite@revue.gef.org). Les auteurs et autrices seront avisé-e-s par mail des propositions retenues avant le 10 novembre 2019.

Les articles, nécessairement inédits, devront être envoyés le 2 février 2020 au plus tard. Les instructions typographiques pour la rédaction des articles sont disponibles sur le site de la revue.

Suivant la politique éditoriale de la revue, chaque article fera l’objet d’une double évaluation anonyme. L’acceptation de la proposition ne signifie donc pas acceptation automatique de l’article. Les articles retenus seront publiés dans un numéro à paraître fin 2020 ou début 2021.